Il y a 5 ans, le 13 juin 2015 bien exactement, je faisais ma première crise d'anxiété. Je n'avais jamais vécu quelque chose du genre par le passé. C'est une solide douleur à l'estomac qui m'a réveillé aux petites heures du matin. Je pensais être malade. J'avais le sentiment qu'une barre me transperçait le ventre. Je ne me sentais vraiment pas bien. La veille avait été une journée extrêmement difficile pour moi. J'étais à bout. J'avais retenu mes larmes toute la journée au bureau. J'étais incapable de prendre des décisions. Je me souviens aussi que j'avais en permanence la bouche et la gorge extrêmement sèche, comme si j'avais mangé une poignée de sable.
Ce matin là dans mon lit, je n'avais plus le contrôle de mon corps. Avec du recul, je comprends maintenant que c'est mon corps qui m'envoyait un signal par l'entremise de cette crise d'anxiété afin de me signifier que quelque chose ne tournait pas rond.
Je me souviens de cette date parce que le 13 juin 2015, c'était le mariage d'une de mes amies. Un mariage que j'organisais en plus ! C'était également la veille de mon départ pour la coordination d'une réunion internationale qui avait été un réel cauchemar à organiser. Je sais d'ailleurs que ma crise d'anxiété était intimement reliée avec cet événement.
Quand je me suis réveillée ce matin là, j'essayais de voir comment j'allais annoncer à mes amis qui allaient se marier que je ne pourrais pas être présente et je me questionnais aussi à savoir ce que je dirais à ma patronne pour lui apprendre que je ne pourrais pas aller livrer l'événement de cette semaine. J'étais rendue là. Mais même quand on ne se sent vraiment pas bien, même pendant une crise d'anxiété, une partie de nous (que je pensais à l'époque être ma raison) essaie quand même de reprendre le dessus. C'est donc cette petite voix intérieure qui m'a fait sortir du lit pour aller livrer ce grand mariage (qui fut merveilleux soit dit en passant) et poursuivre ma semaine de façon étrangement mécanique.
C'est ainsi que s'est amorcé le début d'un étrange voyage qui m'a mené jusqu'à un épuisement professionnel un peu moins de trois ans plus tard. Pourquoi ais-je attendu si longtemps ? Pour la simple raison que lorsque nous sommes blessés mentalement, ça ne se voit pas. Si j'avais eu le bras cassé ou la jambe coupée, non seulement les gens autour de moi l'auraient vu, mais j'aurais pris le temps nécessaire pour guérir et me remettre avant de retourner travailler.
Dans le cas d'un épuisement, avant de se déclarer vaincue, l'aventure est longue et périlleuse parce qu'à travers le chaos interne que nous vivons constamment et que personne d'autre que nous n'arrive à voir, il y a des bonnes journées et des bons coups qui nous poussent à croire que c'est ça la vie et qu'au final, tout ne va pas si mal.
Au moment d'écrire ces lignes aujourd'hui, le 13 juin 2020, soit 5 ans plus tard, j'ai aussi livré un événement. C'était d'ailleurs sur un sujet étrangement très relié à ce que je vivais à ce moment là en 2015. Un peu plus tôt aujourd'hui, accompagnée de mon amie et coach professionnelle Tanya Paquet, j'ai livré ma toute première retraite virtuelle bien-être intitulée Je prends soin de moi d'abord : apprendre à se prioriser pour donner le meilleur de soi.
Prendre soin de soi et se prioriser. Voilà deux choses qui étaient pour moi à l'époque bien basses sur ma to-do list, pour ne pas dire complètement absentes. Je n'avais pas le temps de m'occuper de moi parce que je m'occupais constamment des autres. Je me convainquais même que ma force résidait dans ce don de soi qui était tellement apprécié de mes pairs. Je travaillais entre 50 et 60 heures par semaine pour les autres en donnant tout ce que je pouvais parce qu'il ne me restait honnêtement plus grand chose déjà. Une fois à la maison, je continuais de travailler pour les autres et lorsque je fermais mon ordi par faute d'épuisement, il ne me restait plus une once d'énergie pour moi. Si j'avais su me prioriser davantage, j'aurais pu donner le meilleur de moi-même dans ma vie personnelle et au travail.
J'étais complètement déséquilibrée. Je considérais les gens qui travaillaient moins de 40 heures comme étant des êtres sans ambition. Ceux qui prenaient du temps pour eux n'étaient, selon moi, pas vaillants. Et les personnes qui vivaient un burnout étaient tous des faibles. C'est ce qu'on appelle des jugements à l'état pur. Ce que j'ignorais, c'est que j'avais moi-même acheté un billet aller-simple vers le burnout. Si ce trouble psychologique n'avait pas été si tabou et qu'on en aurait parlé davantage dans les entreprises et dans la société, j'aurais peut-être alors compris que j'étais la candidate parfaite pour un épuisement. C'était écrit dans le ciel au fond !
Je ne m'éterniserai pas trop, mais je souhaite aborder le sujet de l'épuisement (burnout) sous peu parce que c'est, à mon humble avis, un sujet beaucoup trop tabou dans notre société. Pas étonnant que ce trouble psychologique qui touche un si grand nombre de personnes soit encore associé à de la faiblesse. Si vous avez envie d'en jaser parce que vous êtes passée par là ou parce que vous vous sentez complètement dépassée, écrivez-moi. Je suis loin d'être psy et si vous sentez une certaine détresse psychologique, tournez-vous vers un professionnel de la santé. Mais parfois, ça fait du bien de simplement jaser avec quelqu'un qui est passé par là et contrairement à d'autres, surement parce que je n'ai pas beaucoup d'orgueil, je n'ai aucun problème à aborder ce sujet ouvertement.
Conseil de planificatrice : prenez soin de vous et planifiez-vous du temps de qualité. Apprenez à devenir votre première priorité, avant vos enfants, avant votre partenaire, avant votre boss, avant vos clients, avant vos paiements, avant vos parents, avant vos amis, avant TOUT. Ouvrez votre agenda et choisissez de vous accorder un temps d'arrêt. Faites-le maintenant.
Si vous ne prenez pas soin de vous, et je parle ici de temps personnel et en solitaire, vous n'arriverez jamais à donner le meilleur de vous aux autres. Ce n'est pas d'être égoïste de se prioriser, c'est en fait tout le contraire ...
Aujourd'hui, je peux vous affirmer que je suis ma priorité principale et tous mes proches le savent. Je passe au minimum une heure avec moi-même à tous les jours pour ainsi être en mesure de mieux donner aux autres qui m'entourent et avoir plus d'énergie pour livrer mes projets et réaliser mes rêves. Un des sujets importants que nous avons traité dans notre événement virtuel est le manque de temps. La réalité est que chaque humain sur terre bénéficie de 24 heures dans sa journée. Chaque humain ! Mais vous êtes l'unique responsable de ce que vous ferez avec ces 24 heures qui sont mises à votre disposition et qui sont, soit dit en passant, non renouvelables. Que faites-vous de ces 24 heures ? J'espère au moins que vous vous en gardez quelques-unes.
Donc en conclusion, 5 ans plus tard, je suis une nouvelle personne. Si on m'avait dit il y a 5 ans que j'organiserais un événement en ligne sur un sujet pareil, j'aurais été bien surprise, mais aujourd'hui, ça fait plein de sens et j'en suis incroyablement fière. Ma mission première avec La Planificatrice est de guider, d'inspirer et de motiver les femmes d'ambition (et les quelques hommes qui me lisent aussi par la bande qui sont aussi ambitieux que nous :-) !), à devenir la meilleure version d'elles-mêmes entre autres par le biais de l'organisation et de la planification ... parce que vivre une vie sur mesure, ça se planifie.
En réalité, je ne serais pas la personne et la femme épanouie que je suis aujourd'hui si je n'étais pas passée par toute cette histoire qui a commencé 5 ans auparavant. Si je pouvais dire un mot à la fille que j'étais, le 13 juin 2015, je lui dirais que d'écouter son corps est parfois plus important que d'écouter sa tête, et que bien que le chemin devant semble incertain, risqué et assez cahoteux, la vue qui se trouve à l'autre bout complètement en vaut vraiment la peine.
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